Bonjour Monsieur Krattli, nous sommes ravis de vous accueillir dans nos rencontres hebdomadaires “Les Nouvelles Tendances”. Dans ces dernières, nous revenons sur les entreprises de demain qui proposent des solutions innovantes. Aujourd’hui, nous allons parler de la société Touchline Interactive, qui propose des solutions de réalité augmentée.
Fiche de présentation de l’entreprise :
- Nom du fondateur : Jean-Marc Krattli
- Date de création : 2012
- Effectifs : 9
- Localisation : Valbonne, Sophia Antipolis
- Contact : +33-(0) 981 12 20 30, [email protected]
- Site internet : https://www.touchline3d.com/fr
- Pouvez-vous nous expliquer l’objectif de Touchline Interactive ?
En quelques mots, Touchline Interactive est une start-up innovante qui traite des données 2D–3D pour un usage mobile sur le secteur de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée. Nous développons des solutions de réalité augmentée afin de répondre à des problématiques dans le secteur industriel, notamment dans celui de la construction et de la maintenance. Notre solution permet de visualiser en 3D sur un appareil mobile des informations utiles à l’opérateur de maintenance ou au responsable de chantier. Notre but est de permettre à l’opérateur d’avoir accès à de l’information précise lors d’opération et de se libérer des manuels ou autres documentations papier. On cherche aussi à le guider dans ses tâches à accomplir en l’assistant visuellement sur ce qu’il doit faire et lui indiquer les zones sensibles ou dangereuses.
Nous aimons bien reprendre l’image du moteur à réparer : l’idée c’est de guider l’opérateur de maintenance face à une opération technique à réaliser, lui indiquer les démarches à suivre en lui montrant visuellement (en 3D) ce qu’il doit réaliser, quelles pièces il doit manipuler. Sur un chantier, l’idée est premièrement de permettre aux architectes de se rendre compte de l’impact de leur projet dans l’environnement réel puis d’assister au bon suivi du chantier, de vérifier que « tout est à sa place » en comparant les constructions réalisées avec les plans d’origine.
- Comment décririez-vous le marché dans lequel vous évoluez ?
En 3 mots : Innovation, usage « freak », stimulants.
Innovation : nous sommes sur un marché qui va fortement transformer nos manières de travailler et de percevoir le monde qui nous entoure. Il va bientôt atteindre une phase de maturité et de développement car nous constatons que les professionnels sont actuellement en demande de preuves de concept et de solutions pilotes. Tout va très vite et les innovations pleuvent. C’est vraiment très encourageant, les technologies se démocratisent et les usages se dessinent.
Usage « freak » : chez Touchline 3D, nous sommes obsédés par la recherche de l’usage. On ne veut pas faire de la technologie pour la technologie mais nous cherchons à mettre notre expertise technique dans la 3D et la réalité augmentée à disposition de professionnels et répondre à de réelles problématiques qu’ils rencontrent et leur proposons des solutions afin de gagner du temps, d’être plus efficient et d’avoir des opérateurs toujours plus fiables.
Globalement, nous sommes donc au cœur d’un marché très stimulant. Evidement les géants de l’informatique comme Google ou Microsoft guident ce marché à coup de millions principalement dans le domaine des équipements matériels mais de plus petits acteurs de la réalité augmentée peuvent tirer leur épingle du jeu et notamment dans le secteur du logiciel et des applications métier. La clef selon nous réside dans le fait de rester coller aux professionnels du terrain et de leur attente afin de répondre au mieux à leur besoin et même au-delà, en les anticipant.
- Quel est votre place sur le marché actuel ?
On regarde beaucoup ce qui se fait à côté et on est très content de voir que la French Tech est active sur le marché de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle. Ça nous encourage à innover et à trouver des solutions toujours plus adaptées aux attentes et à développer des solutions clés en main.
Aussi la réalité augmentée s’est démocratisée, voire vulgarisée, ce qui est très positif car cela signifie que la technologie devient accessible. Dans ce contexte, nous nous situons dans une position plus innovatrice puisque nous cherchons à aller au-delà des outils qui existent qui permettent d’exploiter la réalité augmentée. nous développons en interne notre propre moteur de réalité augmentée. Pour faire simple avec notre moteur, nous cherchons à créer une réelle chaîne de valeur technique qui permettra aux opérateurs sur chantier de recréer l’environnement dans lequel ils se trouvent, de l’éditer grâce aux logiciels 3D classiques, d’y intégrer des éléments puis de les visualiser sur site.
- Quel est votre modèle économique ?
Nous avons un modèle mixte de licences et services. Les licences concernent nos modules et produits technologiques de base qui sont généralement intégrés dans des solutions métier spécifiques. Nous ciblons principalement des besoins métiers dans des secteurs industriels qui fabriquent ou utilisent des systèmes complexes tels que l’aéronautique, la construction, l’énergie, la défense ou bien le spatial. En parallèle des solutions industrielles, nous développons des solutions pour des usages marketing, de présentation de projets immobiliers, de gamification, ou encore d’outils d’aide à la vente. Cette activité nous a permis de dégager un chiffre d’affaire significatif en 2014 et 2015 et qui devrait continuer de progresser en 2016.
- Qui sont vos clients ?
Nous avons réalisé plusieurs dizaines de projets de réalité augmentée et réalité virtuelle. Par exemple, nous avons travaillé avec la métropole Nice Côte d’Azur pour qui nous avons développé une application de présentation de projet mobile ludique dans le cadre de leur « innovative city ». Nous avons aussi travaillé avec Imica, une société d’animation et d’imagerie 3D pour qui nous avons développé une application de présentation de projets immobiliers en réalité augmentée et réalité virtuelle.Concernant la partie industrielle, nous travaillons entre autre avec Airbus Helicopters sur une solution de maintenance, nous sommes aussi en relation avec d’autres grands-comptes industriels tel que Vinci Construction dans le cadre de leur institut Open Innovation.
- Selon vous, quels sont les principales problématiques et les principaux enjeux auxquels votre marché doit faire face ?
Le premier enjeu qui est en passe d’être surmonté est l’adoption de la technologie de réalité virtuelle par les professionnels et le grand public. Il n’y a pas si longtemps, les systèmes de réalité virtuelle immersifs étaient très couteux et bien souvent inconfortables. L’apparition des équipements de type Oculus permet aujourd’hui de développer des solutions de très bonne qualité pour des budgets bien plus raisonnables. Il reste cependant à construire des applications qui répondent à de vrais besoins et problématiques métiers.
Le second touche le domaine plus spécifique de la réalité augmentée dont les usages sont encore limités à cause de problèmes ergonomiques des dispositifs d’affichage. Les Google Glass, Epson Smart Glasses ou bien encore les Hololens présentent des systèmes de type « see-trough », c’est-à-dire qu’ils permettent de superposer un affichage virtuel à la vision réelle par un principe de prisme mais ce procédé n’est pas satisfaisant car il est très difficile de « caler » la superposition du monde réel et de l’environnement virtuel. L’enjeu technologique est de concevoir et de produire des équipements permettant de vivre des expériences immersives plus naturelles.
- Quel est le principal problème dans le développement de votre société et comment pensez-vous le résoudre ? et votre principal atout dans le monde de la construction?
Je pense que comme toutes les sociétés si nous avions plus de financement nous pourrions développer notre activité plus rapidement. Mais nous sommes confiants en l’avenir et nous voyons notre activité s’étoffer ce qui nous a permis d’employer 3 nouveaux ingénieurs depuis le début de l’année 2016. Notre véritable atout dans le monde de la technologie est notre expertise dans le domaine de la vision assistée par ordinateur et notre expertise technique dans le domaine des technologies mobiles et des interfaces utilisateurs.
- Comment voyez-vous l’avenir pour Touchline Interactive ?
Nous avons l’ambition de devenir un acteur important du monde de la réalité augmentée d’ici quelques années en proposant des systèmes plus robustes qui pourront répondre à aux besoins de fiabilité notamment dans les secteurs professionnels. La plupart des développements qui sont actuellement réalisés autour de la réalité augmentée sont des démonstrateurs et preuves de concepts qui aident les futurs utilisateurs à comprendre les avantages de ces solutions. Le prochain objectif est d’atteindre le « plateau » de la productivité et nous avons l’intention de jouer un rôle important au cours de cette phase.
Nous tenons à remercier Jean-Marc Krattli pour son temps lors de la réalisation de cette interview.
Propos recueillis par l’équipe BulldozAIR, créatrice d’Apéro Chantier et de la plateforme collaborative BulldozAIR.